Un voyage sentimental (Yves Simon à l’Olympia 12 mars 2008)
18H45.. Le jour tombe … les néons rouges palpitent sur la façade de l’Olympia et j’attends Olivier. J’entends mon prénom…je me retourne et c’est Nathalie que je n’ai pas vue depuis presque un an ! Le temps d’échanger quelques mots et de nous souvenir : les paroles étranges de Au pays des merveilles de Juliet, j’ai 11 ans à l’époque, et ces bateaux qui sortaient des escaliers du métro….
Nous nous installons sur le côté droit au deuxième rang. La salle se remplit , bourdonnement des avant-concerts…tiens Vincent et Philippe Delerm s’installent à la corbeille…
C’est Valérie Leulliot, l’âme de l’ancien groupe culte Autour de Lucie, qui ouvre le concert avec sept chansons de son dernier cd Caldeira. Je reconnais Pyromane, Au virage, Mon homme blessé, mon titre préféré sur ce album, titre auquel Christophe Miossec a participé, L’eau du Gange…
Yves Simon fait son entrée en scène et la salle est déjà debout. Avec ses quatre musiciens Serge Perathoner (piano, claviers et accordéon), Bertrand Commère( guitares), Florent Ladoucette(batterie) et Gerard Prévot (basse), il va nous emmener pour un voyage qui va des bords de la Moselle jusqu’ Au pays des merveilles de Juliet en passant par Manhattan, New York, l’Amazonie et la rue de la Huchette.
« Putain, trente ans… vous avez le dessus des main qui picotent ? la gorge serrée ? l’estomac noué ? Oui ?... c’est le trac ! »
Après Manhattan, il rend hommage à ceux qui lui ont donné envie de chanter et fredonne quelques mesures des Passantes de Brassens, de Love me do des Beatles, de la chanson de Prévert de Gainsbourg, de Mister Tambourine Man de Dylan.
Ce concert est un véritable portrait en musique et en chanson, l’itinéraire sentimental d’un l’homme mûr qui n’aime pas qu’on lui demande son âge, compris entre celui de Raphaël et celui de MacCartney, mais plus proche de MacCartney quand même, dit-il avec une certaine ironie. Passent le jeune homme amoureux sur les bords de la Moselle pour lequel on cuisine des patates au four, qui rêve de voyages, l’homme sensible qui dit Regarde-moi, l’homme mûr qui repense aux Embruns de la jeunesse, qui s’inquiète du réchauffement climatique (Des oursons dans les bras), chante son amour pour sa métisse, Patrice, qui dit son regret de ne pas avoir eu un enfant (Cet enfant).
Toutefois il ne faudrait pas croire qu’Yves Simon est un homme passéiste, son dernier cd figure dans sa quasi-intégralité et sa nostalgie a des accents rock Le joueur d’accordéon, Les héros de Barbès ou le nouvelle version de J’ai rêvé New York (exit les chœurs) sont là pour en témoigner.
Musicien, Yves Simon est aussi un homme de mots et de lettres. Incroyablement disert, il raconte cette tournée avec Bashung en Belgique , le contrat déchiré , faute de public, la gare de Charleroi où ils s’endorment l’un contre l’autre appuyés sur leurs guitares, évoque Gainsbourg sortant de sa malette Vuitton, des liasse de billets. Il parle de la différence entre chanson et littérature : une seule de ses chanson Irène a un lien avec le roman Le prochain amour. Il parle de cette femme, une hôtesse de l’air, dont il s’était épris et qui n’était pas son genre et convoque aussitôt Marcel Proust qu’il cite de mémoire.
"Je suis arrivé à un âge (il n'a alors que quarante deux ans) où il faut prendre parti, décider une fois pour toutes qui on veut aimer, et qui on veut dédaigner, se tenir à ceux qu'on aime et, pour réparer le temps qu'on a gâché avec les autres, ne plus les quitter jusqu'à la mort."Il revient seul pour quatre dernières chansons à la guitare Les gauloises bleues, Rue de la Huchette, Cet enfant et Au pays des merveilles de Juliet où le public remplace les chœurs.
23H15, le concert s’achève… les mots échangés avec Olivier… Les diabolos menthe au fond de nos coeurs ont gardé toute leur saveur…