PARIS (AFP) - L'ex-otage Ingrid Betancourt espérait mobiliser les Français, dimanche à Paris, pour les otages encore retenus dans la jungle colombienne, lors d'un grand concert organisé en écho aux manifestations prévues en Colombie à l'occasion des fêtes d'indépendance.
"L'idée de ce concert est un peu un pont d'amour entre la France et la Colombie. C'est un cri de liberté que nous voulons faire entendre de par le monde" pour tous les otages, a expliqué Ingrid Betancourt cette semaine pour présenter l'évènement prévu sur la place du Trocadéro face à la Tour Eiffel.
L'ex-otage, libérée le 2 juillet par les forces spéciales colombiennes après plus de six ans passés aux mains de la guérilla des Farc, devrait ouvrir le concert aux côtés du maire de Paris Bertrand Delanoë, à 14H00 (12H00 GMT et 07H00 à Bogota). Son intervention sera retransmise en duplex dans le journal de la chaîne colombienne RCN.
Sur scène, une trentaine d'artistes se succèderont, avec comme tête d'affiche le Français Renan Luce et le chanteur Juanes "emblématique de la Colombie", selon les mots d'Ingrid Betancourt.
L'acteur et chanteur espagnol Miguel Bosé, les Neg'Marrons, Tcheky Karyo ou encore Little Bob, Alain Chamfort et Hugues Aufray sont également attendus, selon le programme des organisateurs.
Ingrid Betancourt devrait de nouveau prendre la parole à 16H00 (14H00 GMT, 09H00 à Bogota), en direct sur RCN qui recevra alors le maire de gauche de Bogota Samuel Moreno, opposant au président Alvaro Uribe.
Le maire socialiste de Paris devrait également s'adresser à son homologue de Bogota qu'il a rencontré sur place récemment.
L'ex-otage, arrivée en France dans l'avion présidentiel français peu de temps après sa libération, a renoncé à rentrer en Colombie pour participer aux manifestations, sa famille craignant pour sa sécurité.
Applaudie par les députés lorsqu'elle avait lancé l'idée de ce concert le 9 juillet devant eux, la Franco-Colombienne les avait pris au mot et les avait appelés à y participer.
Pour elle, le but est "de donner un message à ces Colombiens qui ont une peur atroce que, du fait de ma libération, plus rien ne se produise" et que les otages meurent dans l'oubli.
Ancienne opposante au président de droite colombien Alvaro Uribe élu avec comme programme d'éradiquer les Farc, l'ex-candidate à la présidentielle a dit espérer l'ouverture "rapide" de négociations entre les Farc et le gouvernement, plutôt qu'une intervention armée qui mettrait en péril la vie des otages.
Les Farc détiennent environ 700 otages, dont 26 dits "politiques" qu'ils entendent échanger contre 500 guérilleros emprisonnés.
Au total, il y a 3.000 otages aux mains des guérillas colombiennes, de groupes paramilitaires d'extrême droite et de bandes criminelles, rappelle Olivier Roubi, vice-président de la Fédération internationale des comités Ingrid Betancourt, organisateur du concert.
Les affrontements depuis plus de 40 ans entre l'armée, les guérillas et les groupes paramilitaires, sur fond de trafic de drogue, ont fait de la Colombie le deuxième pays au monde après le Soudan en terme de nombre de déplacés, selon les organisations humanitaires.
Selon les estimations, la Colombie compte entre entre deux et quatre millions de déplacés sur une population de quelque 45 millions d'habitants et des milliers de Colombiens sont réfugiés dans les pays voisins.
Ingrid BAZINET