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| La famille Tôt ou Tard | |
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lili
Messages : 712 Date d'inscription : 27/02/2008 Age : 44 Localisation : a body floating down-wind
| Sujet: La famille Tôt ou Tard Jeu 15 Jan - 16:30 | |
| Dans le business du disque sinistré, on demande...
La famille Tôt ou Tard
Vincent Delerm, Thomas Fersen, Têtes Raides ou Yael Naïm, il les a découverts et propulsés vers le succès. Rencontre avec Vincent Frèrebeau, patron du label indépendant Tôt ou Tard
Vincent Frèrebeau, 44 ans, dont vingt-huit dans la musique. A 16 ans, ce fan des Clash et de Joe Jackson est déjà le roadie d'un groupe de copains de sa banlieue; à 20 ans, le voilà directeur artistique chez EMI. D'où il s'en va deux ans plus tard avec une idée fixe : tout savoir de la réalisation d'un disque de A à Z. Musicien un jour, preneur de son le lendemain, il observe, apprend, réfléchit. En 1991, recruté par Warner, il signe d'emblée Thomas Fersen, qu'il connaît depuis des années. Avec Fersen et Têtes Raides, qu'il rencontre la même année, il lance le label Tôt ou Tard au sein de la major company pour, dit-il, «ne pas travailler moins, mais mieux». Et ça marche. Tellement bien qu'en 1996 Tôt ou Tard devient indépendant. Vincent Frèrebeau va dès lors patiemment construire son écurie, tel un Jacques Canetti de l'ère de la musique globalisée, choisissant ses poulains - tous auteurs-compositeurs- interprètes - sur un critère décisif : une personnalité singulière. D'où ce catalogue étonnant où l'on retrouve Vincent Delerm, Mathieu Boogaerts, Jeanne Cherhal ou Da Silva, ces stars de la nouvelle chanson française (expression qu'il exècre) comme la géniale Américano-Mexicaine Lhasa, les Occitans des Fabulous Trobadors ou des Bombes 2 Bal, le folk singer Piers Faccini, la très latino Agnès Jaoui, et plus récemment l'Israélo-Française Yael Naïm, dont le succès mondial a donné au label un appréciable bol d'air : «Mais ne me faites pas le coup de «ma petite entreprise ne connaît pas la crise''. Dans ce métier, rien n'est jamais gagné.»
Le Nouvel Observateur. - Il y a un an, vous n'étiez pas sûr de garder votre indépendance. Et, miracle, «New Soul», la chanson de Yael Naïm, est choisie par Apple pour sa nouvelle campagne de pub. Vous vous souvenez de ce jour-là ? Vincent Frèrebeau. - Oh oui ! C'était il y a un an. 2007 fut une année terrible. Le salut n'est arrivé qu'en novembre avec le succès de Yael Naïm, dont l'album avait décollé avant la proposition d'Apple. Ensuite, les bonnes nouvelles se sont enchaînées.
N. O. - Yael Naïm et Vincent Delerm vendent énormément... V. Frèrebeau. - Le succès fulgurant d'un artiste ne peut pas à lui seul faire vivre une entreprise de dix personnes. Le triomphe mondial de Yael Naïm - 650 00 exemplaires vendus - nous donne deux ans de visibilité. Si je fais partie de ceux qui s'en sortent bien, c'est que j'ai derrière moi une équipe solide, des gens qui me sont fidèles depuis des années.
N. O. - Revenons un peu à cette année 2007... V. Frèrebeau. - Elle commence donc dans le noir absolu, avec toutes sortes de problèmes, notamment de trésorerie. Un jour, je déjeune avec Dick Annegarn, un artiste pour qui j'ai une passion qui me rend aveugle et sourd dans le sens où, raisonnablement, un disque de Dick, c'est à coup sûr de l'argent perdu. Or je suis quand même obligé de raisonner en chef d'entreprise. J'arrive donc à ce déjeuner en me disant : pour limiter la casse, il faut que le budget du prochain disque de Dick tienne dans une enveloppe le plus réduite possible, sachant qu il vendra peu. Comme je suis toujours franc avec lui, je le lui dis. Il a trouvé tout ça humiliant et m'a dit sans détour : «Tu ne fais plus ton boulot, tu ne produis plus !» Je n'ai pas tout de suite compris. Je m'occupais des Victoires de la Musique, je présidais le Syndicat des Producteurs indépendants, autrement dit je passais l'essentiel de mon temps dans les médias et chez les politiques pour tenter d'obtenir un encadrement juridique salutaire de nos métiers. D'où la colère de Dick, qui me demandait de reprendre mon travail de directeur artistique. Il avait tellement raison ! C'est à ce moment que Yael Naïm et David Donatien m'ont proposé un album de 17 chansons en hébreu, et un autre en anglais à sortir deux ans plus tard ! J'ai d'abord refusé, puis j'ai fini par les convaincre de fusionner les deux projets. Avec eux comme avec Dick Annegarn, si vous émettez une critique, vous avez intérêt à avoir des arguments.
N. O. - Vous hésitez beaucoup avant de signer un artiste ? V. Frèrebeau. - Enormément. Et une fois que j'ai pris une décision, je doute encore plus. C'est épuisant.
N. O. - In fine, qu'est-ce qui motive cette décision ? V. Frèrebeau. - L'unité de mon catalogue. Elle est plus dans la personnalité des artistes que dans leur musique. Une forte personnalité, c'est le seul point commun entre Thomas Fersen et Mathieu Boogaerts, par exemple. Le plus important pour moi, ce sont les qualités de plume, le talent scénique et l'indépendance d'esprit.
N. O. - En studio, qui détient le pouvoir : vous ou eux ? V. Frèrebeau. - Ca ne se pose pas en termes de rapport de force, mais d'échange. Ce qui compte, c'est le disque. J'ai perdu volontairement des artistes avec qui je ne pouvais plus parler. Il faut que tout ça reste amusant et passionnant. C'est dans ce dialogue, cette confrontation, que je trouve mon plaisir. Avec Thomas Fersen, depuis vingt-trois ans, on a toujours eu des discussions artistiques tantôt fluides, tantôt compliquées. Le but est de faire progresser le projet.
N. O. - Mais qui a le final cut ?. Frèrebeau. - L'artiste, sinon la relation est morte. Ce qui ne m'empêche pas de faire quelques remarques. N. O. - Dans ce qui est désormais une industrie, vous continuez à considérer votre métier comme un artisanat... V. Frèrebeau. - Je le revendique.
N. O. - Vous avez de gros vendeurs et d'autres qui le sont moins, comme Dick Annegarn ou Mathieu Boogaerts... V. Frèrebeau. - De tout temps, un projet qui marche en a financé un autre. Mais la crise du disque a entraîné une réduction du marché en valeur : moins 60% en six ans, n'importe quel autre secteur en serait mort. Aujourd'hui, un artiste qui marche permet d'en financer quatre autres. On investit moins, on développe moins.
N. O. - Et internet dans tout ça ?. V. Frèrebeau. - Je pense qu'à terme le marché va s'équilibrer entre le disque physique et l'immatériel. Aujourd'hui, on a un souci terrible : comment peut-on vendre de la musique alors que tout tend à la rendre gratuite ? Comment faire une offre sur internet alors qu'il n'y a pas de cadre et que cette offre est illégalement gratuite ? Le projet de loi «Création et internet» devrait à mon sens permettre d'encadrer pédagogiquement les échanges de musique sur internet.
N. O. - Votre chiffre d'affaires annuel ? V. Frèrebeau. - Il est stable, mais pas énorme : autour de 4 millions d'euros.
N. O. - Vos artistes et l'export ? V. Frèrebeau. - L'année 2009 devrait être tournée vers l'étranger dans la mesure où je compte sortir un album en anglais de Piers Faccini et un autre, toujours en anglais, de Peter von Poehl [arrangeur notamment du troisième album de Vincent Delerm, «les Piqûres d'araignée», ndlr].
N. O. - Comment la chanson en français s'exporte-t-elle ? V. Frèrebeau. - Mal. Mais on peut développer ses artistes dans les pays francophones ou au sein des communautés francophones à l'étranger. En revanche, depuis quelques années, un nombre impressionnant d'artistes - Yael Naïm, Ayo, Feist, Asa... - produits en France par des Français avec des contrats français s'exportent très bien.
N. O. - Y a-t-il un lien entre les artistes que vous aimiez pendant votre adolescence et ceux que vous signez aujourd'hui ? V. Frèrebeau. - Je suis de la génération de ceux qui ont découvert que le rock pouvait être français avec Jacques Higelin, le groupe Téléphone ou CharlElie Couture.
N. O. - Et curieusement vous êtes devenu l'un de ceux qui ont remis la chanson française rive gauche au goût du jour... V. Frèrebeau. - Je le réfute. Je n'ai jamais fait ce choix-là. Têtes Raides est tout sauf un groupe néoréaliste et Thomas Fersen n'est pas qu'un disciple de Charles Trenet. Ma culture de la chanson est venue tard, je suis aujourd'hui encore plus calé sur les Anglo-Saxons. Je refuse d être associé au côté poussiéreux de la chanson française, j'ai en horreur la nostalgie type «les Choristes» ou «Faubourg 36».
N. O. - Parmi les groupes que vous avez refusés, il y a Louise Attaque avec leur premier album. Un regret ? V. Frèrebeau. - Non, mais une erreur professionnelle. Que voulez-vous que je vous dise ? Ce disque, je ne le sentais pas. J'ai aussi failli passer à côté de Vincent Delerm. Il faut remettre les choses dans leur contexte : du temps où il faisait le tour des petites scènes, je l'avais certes trouvé hilarant, mais je me demandais ce que ça donnerait sur un disque. Surtout, à mon sens il n'avait pas assez de bonnes chansons. Un soir, je suis allé l'entendre une énième fois. Je savais qu'il avait une autre proposition, je devais me décider. Pendant ce concert, tandis que je comptais les chansons «fixables» sur un album, j'ai réentendu «Châtenay-Malabry». Là, je me suis dit que j'étais dingue d'hésiter. Je lui ai aussitôt proposé un contrat. Ma valse-hésitation a tout de même duré deux ans.
N. O.- Avec la crise, beaucoup d'artistes parfois connus se retrouvent sans maison de disques. Lesquels souhaiteriez-vous récupérer ?. V. Frèrebeau. - Je préfère toujours construire quelque chose à partir de zéro. Avec un artiste à forte notoriété, tout est déjà en place, il reste trop peu de marge de manoeuvre, ce n'est plus que de la gestion. Et alors là, qu'est-ce qu'on s'emmerde !
Sophie Delassein, Bernard Loupias Le Nouvel Observateur - 2306 - 15/01/2009
http://artsetspectacles.nouvelobs.com/p2306/a392603.html | |
| | | Marie-Charlotte
Messages : 4744 Date d'inscription : 04/03/2008 Age : 59 Localisation : Périgord pourpre
| | | | Jill
Messages : 640 Date d'inscription : 27/02/2008 Age : 45 Localisation : Paris
| Sujet: Re: La famille Tôt ou Tard Ven 16 Jan - 11:39 | |
| - lili a écrit:
- j'ai réentendu «Châtenay-Malabry». Là, je me suis dit que j'étais dingue d'hésiter.
Mais qu'est ce qu'ils ont tous avec chatenay malabry ? - lili a écrit:
- Ma valse-hésitation a tout de même duré deux ans
Pffffffff Du coup on aurait pu avoir le premier opus en 2000 ! | |
| | | lili
Messages : 712 Date d'inscription : 27/02/2008 Age : 44 Localisation : a body floating down-wind
| Sujet: Re: La famille Tôt ou Tard Ven 16 Jan - 13:26 | |
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| | | Marie-Charlotte
Messages : 4744 Date d'inscription : 04/03/2008 Age : 59 Localisation : Périgord pourpre
| | | | lili
Messages : 712 Date d'inscription : 27/02/2008 Age : 44 Localisation : a body floating down-wind
| Sujet: Re: La famille Tôt ou Tard Sam 17 Jan - 15:50 | |
| mais vous z'êtes dingue, imaginez où il en était vocalement pour le premier album et pensez à ce que ça devait être 2 ans avant ? il faut laisser les choses se faire quand elle doivent se faire ! il aurait peut être aussi été moins bon dans les textes ou que sais je ! | |
| | | Jill
Messages : 640 Date d'inscription : 27/02/2008 Age : 45 Localisation : Paris
| Sujet: Re: La famille Tôt ou Tard Sam 17 Jan - 17:16 | |
| En 2000 on aurait eu ça (avec la voix de Brigitte Bardot ;-) :
01 - Fanny Ardant et moi 02 - Evreux 03 - Catégorie Bukowski 04 - L'heure du thé 05 - Werner attitude 06 - Charlotte Carrington 07 - Deauville sans Trintignant 08 - Court central | |
| | | lili
Messages : 712 Date d'inscription : 27/02/2008 Age : 44 Localisation : a body floating down-wind
| Sujet: Re: La famille Tôt ou Tard Sam 17 Jan - 21:09 | |
| tu vois il aurait manqué LA pièce maîtresse de l'album evreux est une si vieille chanson ? ! | |
| | | Marie-Charlotte
Messages : 4744 Date d'inscription : 04/03/2008 Age : 59 Localisation : Périgord pourpre
| Sujet: Re: La famille Tôt ou Tard Dim 18 Jan - 12:14 | |
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| | | lili
Messages : 712 Date d'inscription : 27/02/2008 Age : 44 Localisation : a body floating down-wind
| Sujet: Re: La famille Tôt ou Tard Lun 19 Jan - 14:16 | |
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| | | Marie-Charlotte
Messages : 4744 Date d'inscription : 04/03/2008 Age : 59 Localisation : Périgord pourpre
| | | | Jill
Messages : 640 Date d'inscription : 27/02/2008 Age : 45 Localisation : Paris
| Sujet: Re: La famille Tôt ou Tard Lun 19 Jan - 19:18 | |
| - Marie-Charlotte a écrit:
- Et pour Evreux, personnellement, je préfère la toute première version
la voix est quand même ultra bizarre (commes les iguanes mais c'est une autre histoire) et puis c'est exactement la même structure que la version KS 2004 alors ... autant l'avoir mieux enregistrée, mieux arrangée, mieux chantée, non ? | |
| | | lili
Messages : 712 Date d'inscription : 27/02/2008 Age : 44 Localisation : a body floating down-wind
| Sujet: Re: La famille Tôt ou Tard Lun 19 Jan - 21:51 | |
| - Marie-Charlotte a écrit:
- lili a écrit:
- mais justement je pense que les concerts qu'il a fait pendant ces 2 ans ont déjà dû le faire évoluer vocalement, même si plus tard c'était encore plus marqué, tu ne crois pas ?
Non, quand on écoute l'album démo de 2000, il n'y a pas beaucoup de différence (en technique vocale) avec son premier album de 2002 ....
oky c'est bizarre tout de même ! | |
| | | Marie-Charlotte
Messages : 4744 Date d'inscription : 04/03/2008 Age : 59 Localisation : Périgord pourpre
| | | | lili
Messages : 712 Date d'inscription : 27/02/2008 Age : 44 Localisation : a body floating down-wind
| | | | Balao Admin
Messages : 3698 Date d'inscription : 19/04/2009
| Sujet: Re: La famille Tôt ou Tard Mar 13 Juil - 0:42 | |
| Wagram a racheté 49% des parts du label Tôt ou Tard.
http://www.billboard.biz/bbbiz/content_display/industry/e3ic1df212a5f55796f353d296d7493d489 | |
| | | Marie-Charlotte
Messages : 4744 Date d'inscription : 04/03/2008 Age : 59 Localisation : Périgord pourpre
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