"Au Field de la nuit" à Pothier Orléans : les livres aussi ont la parole sur TF 1
Hier au lycée Pothier, Michel Field a enregistré son émission littéraire avec des terminales et un plateau d'auteurs et d'artistes dont certains comme Alain Corneau, Jean-Marie Blas de Robles, sont originaires d'Orléans.
TF1 au lycée ! Tout un programme. A priori on pouvait s'attendre au pire. Au pays de la Star'Ac et de « Combien ça coûte », sur la grande chaîne où l'ancien patron disait qu'il était là pour vendre à Coca-Cola « du temps de cerveau humain disponible », que venaient donc faire les caméras de TF1 au lycée Pothier vendredi dernier ?
Cars vidéo, câbles dans les couloirs du bahut, techniciens qui cavalent partout, nous sommes bien à l'heure de la télé quand elle déplace son « barnum ». Michel Field, un des animateurs les plus célèbres du PAF ( LCI, la chaîne Histoire, Europe 1) avait planté pour la première fois ses caméras en région. Pothier recevait hier la première émission décentralisée de « Au Field de la nuit », la nouvelle littéraire de TF1 qui sait aussi - la preuve - faire parfois dans la culture.
Même s'il est vrai que cette émission d'une heure qui mélange chroniques, interviews et dialogues avec les jeunes est casée après minuit, elle a le mérite d'exister. À cette heure-là, selon Anne Barrère, la productrice, déjà aux commandes de « Vol de nuit » avec PPDA, depuis remercié, ils sont encore 300 à 500.000 devant leur poste.
Le dialogue passe avec les élèves grâce au métier de Field
Ambiance nuit donc au coeur du plateau, installé en deux jours par l'équipe - 40 personnes - dans la salle de spectacle de Pothier. Dans les coulisses de l'exploit, un plus vieil « Orléanais », né à Meung-sur-Loire, mais qui a étudié ici de la sixième à son deuxième bachot, se souvient : « Je suis allé au vrai lycée Pothier, rue Jeanne-d'Arc », raconte le metteur en scène Alain Corneau. Avec « Vidal Naquet comme professeur », dit le cinéaste, affable, qui a aussi tourné son premier succès, « Police Python », ici. Corneau sait à merveille mettre en scène, en paroles, l'Orléans de l'après-guerre, avec ses Américains, ses Cadillac, qui faisaient briller les yeux des jeunes. « Lycéen, j'étais batteur dans un orchestre de jazz, on faisait des concerts deux à trois fois par semaine à la cité américaine. » Souvenirs. Ambiance déjantée du côté du maquillage. Galabru, le patriarche, extrait au vol par la production des planches du théâtre où il se produit, lance boutade sur boutade : « Comme tout le monde, j'ai écrit un livre de cabot ! » À ses côtés, trois improbables chevaliers en mauve chargés d'illustrer le bouquin d'Anne Robillard, se chauffent. Retour studio. Michel Field dans l'étuve chauffe la salle : « On fait un métier de con », lance-t-il après avoir répété cinq fois un spot d'annonce.
Moteur. Gérard Devis, le proviseur, crinière blanche, dit un mot et c'est parti. Salle garnie aux trois quarts par les élèves de deux terminales littéraire et un quart de professeurs. Tour à tour, Fanny, Laurène, Théophile, Louise et les autres, une dizaine de lycéens qui ont lu les ouvrages, apprécient, interrogent, critiquent (un peu) les auteurs et Vincent Delerm. Grâce au métier de Field, le dialogue passe entre lecteurs et auteurs. Pari gagné pour « Au Field de la nuit », et pas n'importe lequel : faire aimer la lecture à des jeunes et en région et sur TF1. Chapeau.
Repères
Deux émissions
Vendredi, à Pothier, Michel Field et son équipe ont enregistré deux émissions. La première passera aux alentours de une heure du matin, les mardis 9 et 16 décembre.
Au menu du 9 décembre
Jean-Marie Blas de Robles, prix Médicis pour « Là où les tigres sont chez eux » (Zulma), Lolita Pille « Crépuscule ville » (Grasset), Amanda Sthers pour « Keith me » (Stock) et Vincent Delerm pour son album « Quinze chansons » (Tôt ou tard).
À l'affiche du 16
Alexandre Moix pour « Les Cryptides - à la poursuite du Kraken » (Plon), Yasmina Khadra « Ce que le jour doit à la nuit » (Julliard), Anne Robillard « Les chevaliers d'émeraude » et Michel Galabru « Les Chaussettes opus 124 » au Centre d'art dramatique d'Orléans.
Article du 09 décembre 2008 - Christian Bidault